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  • Préhistoire : Soyons

    SOYONS : FIEF DE NOS ANCÊTRES

    Qui ne connait pas cet imposant oppidum dénommé Malpas dominant la Vallée du Rhône moyen, dédié depuis des lustres à la déesse Soïo.

    Au sud de cet éperon rocheux, surplombé par sa tour penchée, l'autre colline est dénomée le Serre de Guercy. C'est là que l'on découvre un site préhistorique des plus importants de France.

    En 1872, deux archéologues, le vicomte Lepic et J. Sonier de Lubac, explorent les habitats troglodytes de cette colline qui recele un riche passé préhistorique et historique.

    Les cavités principales, au nombre de six, sont orientées face à l'est. Toutes présentent un interêt exeptionnel, tant par la présence humaine trés ancienne qui y a déposé des témoins d'industrie lithique (outils en silex), dite technique levallois-moustérienne, datation moyenne de 45000 ans av JC (paléolithique moyen et inférieur) où de l'Homo sapien. Sous un climat inter glaciaire ces êtres vivent "associé" à une faune du quaternaire (ours des cavernes, félins, hyénes, rennes, bisons, chevaux (équs cabalus), rhinocéros.

    D'autres passionnés, ayant eu vent de ces découvertes, tels que Mm Goury, De Mortillet, Baux, Combier, Blanc A, Valette Paul, Dumazel, Héritier A, ... apporteront aussi des témoignages sur les découvertes d'origine antérieures.

    En 1972, le Club Archéologique  Crouzet, émanant du Comité d'Entreprise de cette socièté valentinoise, est préssentit pour réaliser une fouille sur un gisement exempt de toutes recherches antérieures : il prend l'appellation d'Abri Moula, du nom de l'inventeur qui est un soyonnais travaillant  dans notre entreprise. Une autorisation officielle de fouille est délivrée par M. Jean Combier. Les membres du club y consacrent pendant dix ans (1972-82) leurs week-end et leurs vacances.

    Les sédiments sont tamisés pour recueillir le maximum d'indices afin d'obtenir des éléments datables au carbone 14 (C14), dans le laboratoire d'analyse de l'Université des Sciences de la Nature de Villeurbanne dirigé par le professeur Jacques Evin.

    Pour nous, archéologues amateurs, mais respectant les principes de recherche professionnelles, il fut necessaire de s'entourer de spécialistes dans le domaine des déterminations en céramologie (poterie), en outils lithiques (silex), en sédimentologie (étude des sédiments), en palynologie (étude des pollens), sur la faune et la microfaune, en malacophonie (escargots) et en anthropologie (restes humains).

    Les premières couches nous livrent des os humains, dont un crâne, datés au C14 de -5600 ans av JC et des tessons de poterie néolithique ( 2000, 50000 av JC). Sur la profondeur atteinte de 5,20 et une surface   de 20 m², les étapes intermédiaires nous livrent de fort jolis silex, racloirs, burins, lamelles, perçoirs et une abondante "récolte" de faune du quaternaire. Cette dernière est confiée pour détermination à Mme Evelyne Grégut Bonnoure du musée Réquien d'Avignon. Les petits éléments des rongeurs apporteront des précisions sur le climat de cette période froide (lemmings, musaraignes), qui possédaient de minuscules molaires trés bien conservées, admirables par leur formes vues au binoculaire. Ces derniers ont été étudiés par M. Jeannet de Macon.

    Comment se représenter la vie de ces humains, leurs coutumes, où malgré la rudesse du climat, la précarité de leur habitat, de leur nourriture, naissaient de fragiles créatures devenues en quelques sorte nos prédécesseurs directs. Ceux-ci pourtant  déjà évolués par rapport à ceux de la vallée de l'Omo et de la Rift Valley éthiopienne où vivait Lucie dont les restes préhumains furent découvert par l'équipe du paléontologue français Yves Coppens.

    Vers 1986, les fouilles de l'abri Moula ont été continuées par l'équipe de M. Alban Defleur (archéologue de Marseille), jusqu'à des niveaux datés de 75000 ans av JC avec mise au jour d'éléments osseux humains de l'Homme de Néandertal.

    Qui aurait pu imaginer que nos débuts de recherches nous amèneraient à de tels résultats aussi remarquables où tout était en place dans la stratigraphie de ces  sédiments que nul autre avant nous, n'avait palpés depuis des millénaires. Au toucher d'un silex façonné, on ressentait une certaine émotion, en pensant à l'Homme qui , sans le savoir, nous le laissait en héritage depuis -33200 ans av JC.

    Toutes nos découvertes et documents de fouille ont été déposés au Musée de Soyons, déjà trés riche en dépôts antérieurs se rapportant à ce site ardéchois, alors qu'en 1872 les découvertes étaient déposées à St Germain-en Lay.

    N'hésitez pas de venir visiter le Musée de Soyons, ainsi que les grottes préhistoriques où sont reconstituées des scènes de ces époques anciennes.

    Si la grotte Chauvet est une perle de l'art pariétal, Soyons est un petit bijou de la préhistoire rhôdanienne.

    (Texte de P. Payen adapté par R. Serves, anciens présidents du Club Archéologique Crouzet)